MKN: Le contrôle des finances publiques a échappé à l'Etat
L'ancien gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie et ancien candidat aux élections présidentielles Mustapha Kamel Nabli a déclaré dans Midi Show de ce mardi 8 novembre 2016 que la situation économique de la Tunisie reflète la réalité de la situation politique du pays.
Il a ajouté que les finances publiques du pays ne sont plus sous le contrôle de l'Etat ni celle du gouvernement. Il a comparé la situation des finances publiques à une voiture sans chauffeur. Pour mieux appuyer sa déclaration, il a rappelé que l'endettement de notre pays a dépassé les 60%, un taux qui ne permet plus au Gouvernement de gérer la situation économique.
Mustapha Kamel Nabli a assuré que les dépenses du pays n'ont cessé d'augmenter depuis la Révolution et qu'aucun Gouvernement n'a eu le courage ni la fermeté nécessaire pour arrêter cette augmentation continue qui avoisine les 11% de hausse annuelle.
D'un autre côté, les revenus fiscaux n'ont connu aucune hausse palpable. En 2015, les revenus fiscaux n'ont connu aucune hausse alors qu'en 2016 elle n'ont augmenté que de 1.5%.
Selon l'ancien gouverneur de la Banque Centrale, les choix économiques faits depuis 2012-2013 ont été catastrophiques. Si la hausse des dépenses avait été arrêtée après deux années, ce choix aurait pu porter ses fruits.
Il a ajouté que les élections présidentielles et législatives de 2014 n'ont pas aidé à trouver une solution aux problèmes économiques du pays. Les taux de développement enregistrés en 2014 et en 2015 ne font que prouver cela.
Mustapha Kamel Nabli a ajouté que le manque de confiance des citoyens en leurs gouvernements successifs n'aide pas à résoudre les problèmes économiques du pays.
Le projet de la Loi de Finances peut être amélioré
Mustapha Kamel Nabli a déclaré que le projet de la loi de finances 2017 a été préparé dans un temps record et c'est pour cela qu'il comporte plusieurs lacunes. La mise en place d'un Gouvernement d'unité nationale avait eu lieu aux dépens d'autres choses plus urgentes comme la résolution des problèmes économiques et financiers du pays.
Il a ajouté que la négociation de ce projet de loi de finances à l'ARP montrera que les composantes du Gouvernement en elles-mêmes ne partagent pas la même vision. Les objectifs fixés dans les lois de finances des années précédentes n'ont toujours pas été atteints et d'autres objectifs ont été fixés pour l'année 2017.
L'ancien candidat aux élections présidentielles a proposé la mise en place d'une commission indépendante qui analyse la situation du pays dans un premier temps avant de donner son rapport et de proposer des solutions aux différents problèmes du pays. La commission qu'il a proposée pourrait commencer à travailler sur le budget de l'Etat pour l'année 2018 pour pouvoir le préparer dans des délais réalistes.
Il a ajouté que le pays est guetté par deux grandes menaces : celle de la corruption et celle de la contrebande.